JIRFIYA – “W” – Interview with Ingrid Denis

Le 21 février 2023, la formation parisienne, JIRFIYA, a sorti un deuxième album intitulé W. Un concept album métal-rock alternatif aux accents progressifs, construit autour d’une thématique très forte et engagée : la condition des femmes à travers le monde.

Les 8 belles compositions qui forment l’album, nous interpellent à travers des riffs puissants, des rythmiques massives et des mélodies accrocheuses mises en valeur par des riches arrangements orchestraux et des textes poignantes.

Début mars, j’ai eu le grand plaisir de discuter avec Ingrid Denis, la magnifique voix de JIRFIYA. Elle nous a parlé du groupe, des différents thématiques de l’album, de son parcours de chanteuse et comédienne, de la difficulté de prendre l’âge en tant que femme et artiste, de sa passion pour les Doc Martens et bien d’autre choses. Rencontre lumineuse au Hard Rock Café à Paris.

JIRFIYA sera en concert avec WEDINGOTH à la PENICHE ANTIPODE à Paris le 26 Avril 2023! Venez les voir !

Est-ce que tu pourras nous parler un peu de l’historique du groupe ?

Ingrid : JIRFIYA a commencé en 2019 avec Jérôme, le compositeur et le guitariste du groupe et Pascal, le bassiste qui cherchaient une collaboration. J’ai vu l’annonce sur les réseaux. Au début, j’avais pensée juste à une collaboration et puis en fait, dès qu’on a répété ensemble, ça a marché tout de suite.

Ils ont décidé d’arrêter leur ancien groupe et de monter ce nouveau groupe avec moi. On a fait assez vite un premier EP, Wait for Dawn, et ensuite un album, Still Waiting, qu’on a réussi à sortir dans la période du confinement.

Comme beaucoup, Jérôme s’est trouvé dans la situation de ne pas pouvoir travailler et en fait, lui, dès qu’il a un moment de repos, il faut qu’il compose. Donc, il a eu une très grande période d’inspiration et on a donc pu sortir Still Waiting, fin 2020. Mais on n’a pas pu défendre dans les meilleures conditions à cause de la crise sanitaire.

Et puis assez rapidement, on a eu envie de consolider tout ça, parce que malgré tout, il y a eu des bons retours, des bonnes critiques qui nous ont confortés dans l’idée qu’on était légitimes à continuer. On a donc lancé ce deuxième album, W, avec un thématique plus centré autour de la condition des femmes à travers le monde.

W est un état de lieux des différentes personnalités féminines qui peuvent représenter toute femme dans ce monde”

W est présenté comme « A concept album about strong and angry women, real or fictional » (un album concept sur des femmes puissantes et en colère, réelles ou imaginaires). Tu pourras nous expliquer un peu ?

Ingrid : Effectivement ce “W” dans notre conception, cela veut dire Women, parce que sur ces 8 titres, chaque chanson est une histoire. J’incarne une femme réelle ou imaginaire dans des situations différentes à des époques différentes, mais avec un point de vue féminin sur une situation ou une oppression. Mais il n’y a pas que ça, parce qu’on a aussi des chansons sur des femmes de pouvoir qui veulent le pouvoir quitte à l’avoir dans le sang.

Ce n’est ni victimaire ni angélique. W est un état de lieux des différentes personnalités féminines qui peuvent représenter toute femme dans ce monde.

A travers leurs histoires, on voulait créer de l’empathie pour les auditeurs. On voulait qu’ils écoutent leurs paroles et à la fois leur donner l’envie de combattre à leurs côtes, parce que dans aucune de chansons, ces femmes ne restent pas victimes complètement.

Il y a toujours un moment donné où il y a une révolte qui gronde, une résistance qui est toujours là et qui est inerrante à la condition de femmes. Il y a toujours cet esprit de résistance qui arrive à un moment donné.

L’album s’ouvre avec Asylum, un superbe morceau long et complexe dans laquelle on trouve des sons différents, des riff géniaux, une rythmique massive et mais aussi des violons et des trompettes.  De quoi parle ce morceau ?

Ingrid : La thématique d’Asylum s’inspire d’un livre. En fait, j’ai vu le film d’abord : le Bal des Folles qui est adapté du livre du même titre écrit par Victoria Mas. C’est une histoire vraie qui s’est passé il y a une centaine d’année à l’Hôpital de la Salpêtrière à Paris qui à l’époque était un asile pour femmes.

On y envoyait plein de femmes de tous milieux, qu’elles soient malades ou non. Des fois elles étaient juste considérées malades et on les envoyait là-bas un peu pour s’en débarrasser. C’était une façon de les remettre dans le droit chemin par le professeur Charcot.

Elles étaient aussi des sujets d’études sur le fameux concept d’hystérie. D’ailleurs, je pense que ce fameux concept d’hystérie féminine est venu de ces études-là. Freud l’a repris à son compte.

Ce professeur Charcot organisait un bal qui l’appelait le Bal des Folles. Il faisait venir des notables et il exposait ces femmes-là habillées, maquillés. Alors que des fois elles ne comprenaient pas ce qui leur arrive, elles voulaient juste se faire belles mais en fait, il se moquait d’elles. Il les hypnotisait aussi pour voir leurs réactions devant des jeunes étudiants en médecine.

C’est une histoire assez forte, assez tragique et la longueur du morceau et les instruments utilisés sur ce morceau et d’ailleurs sur tout l’album sont là pour raconter une histoire.

On prend le temps pour la raconter, on fait s’étirer le temps, comme la conception d’un film avec les moments de tension dramatique, de moments de repos et puis les climax où on lève le poing.

L’album est composé des chansons conçues comme des petits morceaux filmiques et dramatiques : les violons, les trompettes servent complétement ces moments introspectifs.

Comment s’est passé l’écriture ?

Ingrid : Jérôme est le principal compositeur et parolier aussi. Pour cet album, on a cherché des thématiques ensemble. JIRFIYA a toujours eu ce côté militant dans les textes qu’on n’avait pas forcement mis en avant pas par honte mais peut-être parce qu’on ne voulait pas passer pour des donneurs des lésons. À se dire, est-ce que le public du milieux métal rock qu’on vise avait envie d’entendre ça aussi ?  

Pour moi, c’était plus facile à trouver ces thématiques là en tant que femme. Ce sont des sujets qui me parlaient plus. J’ai donc aussi participé à l’écriture des paroles, je me suis plus investie sur tous les chansons et puis on a écrit à la première personne.

J’ai un bagage de comédienne donc ça m’aide aussi à rentrer dans les textes et à plus l’interpréter toutes les nuances. Ce sont des portraits de femmes que j’incarne sur les huit morceaux.

“L’album est composé des chansons conçues comme des petits morceaux filmiques et dramatiques : les violons, les trompettes servent complétement ces moments introspectifs”

Est-ce que tu penses qu’à travers la musique vous pouvez garder toujours cette liberté de s’exprimer sans avoir peur que vos propos puissent être mal interprétés, surtout à notre époque quand tout est critiqué, déformé ?

Ingrid : On a cette chance d’avoir cette liberté d’expression parce qu’on a des sujets qui peuvent être un peu casse- gueule ou on va dire plutôt tabou. Par exemple, on a une chanson, Sister in Blood, qui parle de la sœur de Kim Jong-un donc, imagine un peu les possibles poursuites. On a un peu détourné la chose, on s’est dit c’est une femme de pouvoir qui est dans l’ombre mais qui peut être voudrait prendre la place de son frère. Elle est peut-être freinée par sa condition : est ce qu’elle est freinée par sa condition féminine ou est-ce qu’elle est plus maligne que lui et finalement, c’est elle qu’on va trouver au pouvoir un jour ?

J’ai trouvé que Sister in Blood, est une chanson très forte mais je ne pensais pas forcement à ce sujet.

Ingrid :  On le sait, Il faut qu’on communique plus sur les paroles et échanger sur les thématiques de cet album qui sont assez fortes et qui méritent réflexion parce que c’est un peu l’avenir du monde aussi.

Et puis, c’est vrai que tout le monde n’est pas forcement anglophone en commencent par nous, on n’est pas totalement anglophone.

Quels sont dont d’autres sujets dont tu voudrais nous en parler ?

Ingrid: The Factory, par example.Cette chanson parle des problèmes de fertilité qui ont les femmes et qui s’engagent dans le parcours de la PMA et qui vont des fois jusqu’à utiliser des mères porteuses. C’est plus ou moins légal, c’est plus ou moins admis moralement, mais en tout cas dans cette chanson là, ça va jusqu’à utiliser les services de la mafia, du trafic humain, trafic des femmes.

On essaie de voir cette dualité entre l’envie légitime de ces femmes et les trafics du commerce du corps féminin que ça engendre, donc une douleur contre une douleur.

On a une liberté d’expression mais on évite le jugement. On mesure les mots pas parce qu’on a peur d’être critiqués, mais il faut que ça soit juste par rapport à une situation donné.

Quand on construit un portrait de femme, il faut que ça soit au plus juste avec ses haut et ses bas avec ses parts d’ombre et ses parts les plus lumineuses.

Quelle est l’histoire de The Girl with the Perfect Face ?

Ingrid : C’est une histoire vraie aussi. Jérôme et moi aussi on est très cinéphiles. Jérôme travaille dans le cinéma aussi et il aime beaucoup une certaine période du cinéma :  l’âge d’or hollywoodien.

Donc la chanson parle de Linda Darnell et de son histoire tragique. Linda Darnell est une actrice hollywoodienne très connue qu’on avait surnommé the girl with the perfect face (la fille au parfait visage). Elle était aussi la compagne du réalisateur Joseph Mankiewicz.

Elle s’est retrouvée sur la touche à 25 ou à 30 ans, broyé par le système. Elle était déjà trop vielle pour lui donc Il a trouvé une autre actrice, il a donné le rôle à Ava Gardner et puis c’était terminé pour Linda Darnell.

Donc à travers cette femme-là, on parle du rapport à l’image, de ce qu’on nous demande à nous en tant que femme, d’être et de représenter. On va toujours nous reprocher d’être trop jeune ou d’être trop vielle, pas assez jolie, d’une manière ou autre, on va toujours trouver une façon de nous mettre sur la touche.

Parmi ces 8 chansons, 8 histoires, est-ce que tu as une qui es plus importante pour toi, personnellement ?

Ingrid : Asylum. Je l’ai écrite 100%. J’aime beaucoup écrire. Je sais que j’ai des facilités à écrire mais ça ne me vient pas forcement. Il y on a qui le font facilement. Le dessin c’est pareil. J’ai dessiné aussi, mais c’est quelque chose que j’ai un peu perdu, en fin, plutôt la nécessité de le faire.

Maintenant, si j’envie d’écrire il faut vraiment que le sujet me parle pour que ça me vient plus facilement si je me sens complètement concernée.  Donc Asylum, je l’aime beaucoup parce que c’était aussi documenté. Je me suis plongée dans l’histoire de ces femmes. J’ai vu le film mais je n’ai pas lu le livre, mais je me suis plongé dans l’histoire du professeur Charcot qui est quand même quelqu’un de célèbre. Le sacrifice de ses femmes pour la science, ça interroge beaucoup.

Est- ce que vous avez essayé de chanter en français pour fait passer le message mieux auprès du public français ?

Ingrid : Peut-être qu’on fera une version française. Je sais que le groupe Manigance qui chante en français, vient de faire pour la première fois une version anglaise de leur album, donc pourquoi pas nous. Comme beaucoup de groupes français, on a un culture musicale rock qui est plutôt anglophone.

C’est vrai que ce n’est pas une censure mais c’est plutôt un reflex de vouloir s’exprimer en anglais. Ça nécessite de la réflexion, j’aimerai bien. Ça ne me fait pas peur de chanter en français, je l’ai déjà fait. Après est-ce que le style s’y prête ? C’est à voir.

Où vous avez enregistré l’album ?

Ingrid : c’était moitié home studio moitié studio professionnel. On est retourné au Hybreed Studios, d’Andrew Guillotin à Fontenay-Sous -Bois pour les parties professionnelles, les parties batterie, violon et certains partie guitares. Je connais bien maintenant depuis 3-4 ans. On est toujours bien accueilli là-bas. On a été chouchoutés et Andrew a toujours des bons conseils.

Pour les voix, on fait complétement home studio. On les a enregistrés, Jérôme et moi, tranquilles en tête à tête dans mes combles aménagés. On a pris plus de temps et je pense que cela a été bénéfique.

On a aussi changé de micro, on a pris un micro plus sensible. Il y a plus d’aigues dans ma voix, et il ya un peu plus de brillance aussi.

Et puis pour le temps d’interprétation aussi parce ce sont quand même des histoires assez fortes. Je pense que j’ai pu et tester plus de choses et prendre le temps vraiment de poser toutes les nuances que j’ai voulais. C’était plus confortable de le faire à la maison.

 

“On parle du rapport à l’image, de ce qu’on nous demande à nous en tant que femme, d’être et de représenter. On va toujours nous reprocher d’être trop jeune ou d’être trop vielle ou pas assez jolie. D’une manière ou d’une autre, on va toujours trouver une façon de nous mettre sur la touche.”

Tu es donc comédienne en même temps que musicienne ?

Ingrid : J’ai une formation de comédienne. J’étais un peu comédienne, je le suis moins mais j’ai encore le pied dans une compagnie. Je fais un petit spectacle en particulier qui parle des résistantes justement, de Charlotte Delbo, écrivaine, résistante française, déportée à Auschwitz.

C’est un petit spectacle adapté de ses écrits, ce sont de lectures mises en scène et on les fait dans des lieux de mémoire, dans des musées et des destinations scolaires pour transmettre la parole de ces femmes qui disparaissent peu à peu.

Si je reste comédienne c’est pour ce gendre des projets engagés. Sinon la musique me suffit. Il a fallu que je choisis à un moment donné. Je m’épanoui plus dans la musique.

Comment tu as donc atterri dans la musique notamment dans le métal ?

Ingrid : Grande question ! J’ai toujours fait de la musique. Depuis petite je dessinais et je chantais en même temps.

Je visais plus une carrière dans le graphisme mais cela ne s’est pas fait pour des différentes raisons. J’ai plus continué dans la musique, au départ avec plutôt des reprises. J’ai fait beaucoup de styles.

Je me pensais assez éclectique mais maintenant c’est vrai que ma musique préférée est plutôt le rock. Ma façon de chanter aussi. J’ai découvert Jeff Buckley quand j’avais une vingtaine d’années et ça a complément changé ma vision de la musique et mon envie et ma façon de chanter.

Et puis, j’avais un groupe de reprises des chansons de génériques d’animés japonais. On s’est éclaté pendant 3 ans. On a fait Japan Expo, Paris Mangas. C’était super.

Tu chantais en japonais ?

Ingrid : oui, je chantais en Japonais sans trop comprendre ce que je disais. Je chantais phonétiquement, ce qui était déjà un exploit, mais c’est faisable. C’est une langue très chantante.  

Et en fait, il ya avait déjà de métalleux dans le milieu, donc j’étais un peu initiée au fur et à mesure avec les gens que je côtoyais. Ensuite, j’ai rencontré Vincent Mouge et on a monté un groupe Oscil et on a fini par faire de la compo. J’étais éduquée par mes amis métalleux et un jour je suis arrivée dans JIRFYIA comme je te disais grâce à l’annonce passé par Jérôme et Pascal sur les réseaux.

Ce sont eux qui on dit on va faire du métal. Moi, j’aimais beaucoup Anneke van Giersbergen, la chanteuse du The Gathering et ils l’avaient aussi comme référence.

Je ne suis pas sûre de faire tout aussi bien qu’Anneke mais c’était elle que j’avais en tête si je devrais faire ce style de musique. C’est vrai que le métal est très exigeant, techniquement et vocalement. Ça m’a poussé à affiner ma technique de chant.

C’était un challenge personnel qui s’est transformé en vrai boulot de création très épanouissant pour l’instant.

Parlons un peu donc de ton style de mode. Qu’est-ce qu’il y a dans tes placards ?

Ingrid : Beaucoup de robes. Je fais un effort pour la scène. Je me pose vraiment la question de ce que je vais vraiment porter pour paraitre sur scène. Maintenant, dans la vie de tous les jours, j’ai une vie assez rangée. En fait, j’ai 2 vies, ma vie de rangée et ma vie artistique, et ça ne se traduit pas forcement de la même façon.

Je ne suis pas ultra branchée mode. Ce n’est pas mon domaine. Par contre, j’ai une passion pour les Doc Martens. Je ne les ai pas mis aujourd’hui, mais j’aime beaucoup les Doc Martens. J’essaie de les collectionner et surtout pas les noirs. J’aime bien les collecteurs, les séries limités. J’ai une paire rose fuchsia, la collaboration avec New Order, que j’adore.

Je suis en train de chercher les Black Sabbath à ma taille parce qu’évidement j’ai une taille standard, 38 et je ne les trouve plus ; même en occasion. J’aime bien les cloutés aussi.

Et pour la scène tu portes quelque chose du spécial ?

Ingrid : Oui justement, j’ai trouvé quelque chose spécial depuis peu de temps.

Comme moi, je n’ai pas le look métal, ça me pose un peu des soucis. Je n’ai pas de légitimité. J’arrive avec cette musique mais je suis presque trop standard sur scène et j’ai donc choisi un cache œil que j’ai trouvé chez une créatrice suisse. On peut le voir sur Instagram.

Sa boutique s’appelle Memoria Obscura et elle crée de masques aveugles, des demi masques, des cache œil, des masques de bouche aussi, de parures et j’ai trouvé magnifiques.

Je ne savais pas ce qui est plus pratique pour chanter ; parce que ça glisse un peu ; mais je me suis posé la question comment je vais me sentir sur scène surtout que je prends de l’âge.

C’est là aussi que ça rejoint un peu la thématique de l’album.

Je prends de l’âge et je sais qu’au moment on s’expose comme ça, en tant que femme, de toute façon c’est sûr et certain qu’on va regarder combien de rides, combien de kilos tu as pris, etc.

Je ne dis pas que je l’assume, mais il faut faire avec et le fait d’avoir ce masque, ça me protège justement sur scène.

J’ai beaucoup aimé porter ce cache œil et je vais le garder. Et je trouve aussi que ça incarne plus quelque chose, un personnage.

On a fait évoluer le nom de JIRFIYA : c’est passé d’une comète et maintenant, j’aime bien dire que JIRFIYA est un peu la déesse de tourments qui voit le monde et qui ne sait pas trop comment se battre mais qui ne veut pas se taire. Voilà ce que je veux dire avec cet accessoire.J’en ai pris d’autres et on verra pour les prochains Lives.

J’ai bien aimé le fait d’être à moitié cachée, de ne pas devoir toujours soutenir le regard de gens.

J’adore Björk, si j’ai une déesse sur terre pour moi c’est Björk. Et je pense qu’avec l’âge, elle aussi a créé ce personnage avec des masques. Je trouve ça fabuleux de se transformer comme ça et que finalement on écoute beaucoup plus la voix, on regarde le personnage et on revient à l’essentiel. Elle a une voix exceptionnelle et le deux, ça fait un cocktail magique.

Comment c’est d’être une chanteuse et une femme dans le milieu du rock – métal ?

Ingrid : C’est un milieu déjà très exigeant. Je l’ai vu en tant qu’interprète. On me l’a dit déjà au début. C’est sûr que ça se travaille donc là-dessous, j’étais assez contente même d’entendre des critiques. Ça pousse.

Par contre, je pense que c’est comme dans tout milieu. On a la même pression. Est-ce qu’il faut toujours jouer le sexe symbole ? C’est dur d’appréhender l’âge, il ne faut pas se mentir. On les voit les changements nous-même et ça peut atteindre la confiance en soi.

Jusqu’à où on va aller pour avoir l’air de ce qu’on n’est plus ? Je comprends tout à fait pourquoi on en arrive à la chirurgie esthétique. Ça vient d’une angoisse, ça vient du fait de vouloir se reconnaitre, soi-même.

“La place de femmes dans le métal n’est pas différente qu’ailleurs. C’est un milieu tout aussi machiste qu’ailleurs.”

Après je pense que la place de femmes dans le métal n’est pas différente qu’ailleurs, c’est un milieu tout aussi machiste qu’ailleurs.

Je vois Floor Jensen par exemple, qui est une immense chanteuse, mais on l’a ramené encore de temps en temps à son décolleté, parce c’est plus facile. Elle aussi, elle le dit.

On voit bien les postes de ces chanteuses-là qui ont déjà 20 – 25 ans de carrière et qui se posent la question de l’âge et elle se demandent est-ce que ça va durer pour elles.

Je vois plein de groupes français aujourd’hui, comme Klone, Scarlean ou Gojira qui connaissent le succès … déjà c’est de groupes de mecs et ça fait longtemps qu’ils existent. Ils explosent que maintenant au bout de 15-20 ans et puis ils ont la quarantaine bien tassée mais je n’ai pas l’impression qu’on va leur poser la question. Super vous explosez, c’est magnifique pour vous, enfin le boulot paye mais ils n’ont pas de chanteuse.

C’est bien le festival qu’a lancé la bassiste de Pogo Car Cash Control : « More women on stage » mais ça sera bien aussi more mothers on stage.

Ok, plus de femmes sur scène, mais il va falloir qu’elles ressemblent à des sexes symbole jusqu’à qu’elles les puissent et puis, il ne faut pas être remerciée un jour comme c’est arrivé à Linda Darnell à Hollywood. Il faut qu’on accepte une femme qui a des enfants, des rides et des kilos.

C’est quand même assez standardisé aussi dans le métal : les corsets, les cheveux noirs de jais…c’est magnifique. Moi aussi je trouve ça beau, maintenant est-ce que tu te sens toi capable d’incarner ça ou tu proposes autre chose parce que finalement tu es là que pour chanter aussi.

C’est vrai c’est une industrie, on ne vend pas que du rêve et du cauchemar dans le métal, mais à la base, on devrait faire que de la musique.

Vous avez une tournée en préparation ?

Ingrid : Oui, c’est notre projet de l’année. L’album est prêt. Maintenant, il faut qu’on aille le défendre en live. On a une date à Paris, le 26 avril à la Peniche Antipode et on a aussi une date en octobre dans une boutique concert super class à Vinyle Vintage Studio à Conflans-Sainte-Honorine, dans le 78.

Comme on fait tout nous-même, Il ya beaucoup du boulot que ça soit les réseaux ou les démarchages. Trouver des concerts c’est compliqué, il faut tout le temps y être à la recherche.

On a contacté une agence de booking qui nous a accepté, Splintering Booking Agency qu’on remercie encore et je pense qu’on va faire un travail super. Donc le projet de tournée est en cours.

Tu as une scène où tu aimerais jouer un jour ?

Ingrid : Je dirais comme tout le monde, le Hellfest. On est allés l’année dernière, l’espace VIP c’est sympa. Il me semblait que cette année, il faisait un peu plus de place à la scène francophone et je trouve ça intéressant parce que c’était un peu le reproche qu’on leur faisait, de ne pas assez la soutenir. Je n’en sais pas si on fera partir un jour mais espérons-le. 

En fait, Pascal ne fait plus partie du groupe, vous cherchez un autre bassiste ?

Ingrid : Pascal est parti l’année dernière parce qu’il a été muté à Bordeaux. Comme on est resté sur Paris, on a essayé plusieurs mois de continuer comme ça, qu’il vient à des répétitions ou juste pour les concerts mais ça devenait très compliqué. Il se rendait compte et il a préféré jeter l’éponge. On est reste très copains, on l’adore.

Après, on a eu un autre basiste Paul qui nous a accompagné quelque mois et puis il a décidé de partir parce qu’il a vu qu’on n’avait pas les mêmes objectifs. C’est la vie. On cherche un autre bassiste. Et en attendant sur scène, les parties basses seront joues sur samples tant qu’on n’a pas un autre bassiste. 

Tu pourras nous parler aussi de la pochette de l’album ? On dirait que c’est un temple.

Ingrid : On peut le voir comme un temple. C’est une proposition qui nous a été faite par le graffitiste Quentin Bouilhou qui travaille dans les jeux vidéo.

Quand on a regardé son book c’était plutôt dans le décor et moi, j’ai trouvé ça intéressant parce que on a parlé beaucoup des femmes dans cet album et on ne va pas mettre une femme sur la pochette en plus. Déjà voulait le W sur la pochette, parque que chacun pouvait mettre la femme qu’il veut derrière ce W.

On lui a donné plein d’indications et au départ, il nous a fait quelque chose et je pense qu’il voulait coller à ce qu’on lui a demandé et puis on lui a dit fais comme toi tu le sent et on a eu effectivement ce temple. On était assez surpris parce que ce n’est pas ça qu’on imaginait à la base. Il nous a ramenés autre part et c’est super.

Je le vois aussi comme un temple, quelque chose de mystérieux, il y a juste une figure suggérée, un peu le contrepoint de ce qu’on attend d’un album qui parle de femmes.

Moi, je vois pleine de symboles dedans. Les flambeaux c’est la résistance, le W c’est spirituel mais on peut voir aussi des armes. J’espère aussi que les gens vont les voir aussi et faire marcher leur imagination. Ça pousse à écouter la musique plutôt que d’avoir trop de parasitages avec tous les infos données sur la pochette.

Un dernier mot

Ingrid : On va communiquer plus sur les paroles. On voudrait aussi faire plus de lives pour échanger avec ceux qui nous apprécient. Je pense qu’on est un groupe qui nécessite plusieurs écoutes, plein d’introspection qui est peut-être un peu plus exigeant et j’espère qu’il y aura un maximum de monde qui va adhérer à ça. Je pense que la musique qu’on fait est quand même plus accessible que le métal dur. On fait un mélange de pas mal des choses et je pense qu’on peut s’y retrouver.

Merci beaucoup

JIRFIYA sont

Ingrid Denis : Chant

Jérôme Thellier : Guitare/ Basse/ Growls

Nicolas Dumant :  batterie

Sami Kharrat : Guitare

W

Tracklist :

1. Asylum (9:19)

2. Sister in Blood (4:09)

3. Dark Storms (4:17)

4. The Path of Hate (4:37)

5. The Factory (8:10)

6. An Endless Journey (4:05)

7. The Girl with the Perfect Face (7:04)

8. Far Away from Here (3:53)

English Version

COMING SOON

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